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Comment soutenir les personnes souffrant d’une déficience intellectuelle après un décès ?

14 juillet 2022
Temps de lecture: 2 min

Nous faisons tous notre deuil à notre manière. Les personnes présentant un handicap mental peuvent elles aussi réagir très différemment à la perte d’un être cher, selon leur niveau de développement. Les conséquences émotionnelles peuvent être lourdes. Ces personnes ont donc besoin de beaucoup de soutien de la part de leur entourage. Ann Costermans, spécialiste du deuil chez DELA, partage ses réflexions et ses conseils.

Les personnes souffrant d’un handicap mental sévère n’ont pas véritablement conscience de la mort. Elles remarquent toutefois un changement après un décès. L’atmosphère a changé. Leur quotidien et leur routine ont changé. Elles ne voient plus le défunt et il leur manque. Elles n’expriment pas leurs émotions par des mots, mais par leur comportement, en partant à la recherche du défunt, par exemple. Des troubles psychologiques tels que la fatigue, la dépression, voire l’agressivité peuvent survenir au bout d’un certain temps si on ne leur offre pas suffisamment la possibilité de faire leur deuil. C’est pourquoi il est important d’impliquer dans la cérémonie d’adieu les personnes souffrant d’un handicap, quel qu’en soit le niveau.

Rendez le décès concret

Les personnes atteintes de sévères déficiences intellectuelles confondent l’imaginaire et la réalité, d’où l’importance de rendre tout aussi concret que possible afin d’éviter qu’elles s’imaginent des choses. Vous pouvez, par exemple, les laisser assister à l’enterrement au cimetière.

Puisqu’elles sont incapables de dire ce qu’elles ressentent, le rituel d’adieu est important. Il leur permet de se raccrocher à quelque chose. Faites-les participer activement à la cérémonie en allumant une bougie, en déposant quelque chose sur le cercueil (une fleur ou un dessin) ou en chantant ou en récitant un poème.

Il est aussi important que les personnes souffrant d’un handicap mental modéré puissent faire leurs adieux comme il se doit. Pour comprendre le sens de la mort, elles ont besoin de répétitions : parlez-en, regardez des photos, allez au cimetière ou évoquez des souvenirs ensemble. Essayez de les aider par les sens. Aménagez un lieu de recueillement avec des photos du défunt et une bougie. N’oubliez pas que le chagrin peut aussi s’exprimer plus tard.

Comment apporter son soutien lors de la visite au défunt ?

Vous voulez que la personne souffrant d’un handicap mental adresse un dernier salut au défunt et elle le souhaite aussi ? Préparez bien ce moment et expliquez-lui à quoi s’attendre. Dites-lui, par exemple :

  • à quoi ressemblent le centre funéraire et le salon mortuaire ;
  • qu’il y a un système de refroidissement dans la pièce où est exposé le défunt et qu’il pourrait se déclencher ;
  • qu’on peut toucher le défunt, mais qu’il est froid ;
  • que le défunt peut sembler différent. Allez peut-être voir par vous-même au préalable et, le cas échéant, montrez une photo ;
  • qu’elle peut déposer un souvenir auprès du défunt (une peluche, un mot...). Demandez-lui si cela peut rester auprès du défunt ou s’il préfère le récupérer ;
  • qu’il pourrait y avoir quelques différences avec ses expériences passées. Exposition dans un cercueil plutôt que sur un lit, dans un centre funéraire plutôt que dans un hôpital…

Utilisez des photos, des dessins, des pictogrammes ou des Lego dédiés pour expliquer la situation et n’oubliez pas que la personne pourrait ne pas vouloir être présente après vos explications.

Comment apporter son soutien lors des obsèques ?

Il est essentiel ici aussi de bien préparer la personne avec handicap mental et de lui fournir les informations nécessaires :

  • expliquez bien ce qui va se passer ;
  • vous pouvez aller ensemble à l’avance à l’église ou dans la salle de cérémonie du centre funéraire, au crématorium ou au cimetière ;
  • expliquez le déroulement d’une crémation et montrez, par exemple, des photos d’urnes ;
  • expliquez que les gens présentent leurs condoléances et pleurent parfois. Qu’elle pourrait pleurer aussi ;
  • rassurez-la en lui faisant savoir qu’elle pourra quitter la cérémonie si elle se sent submergée ;
  • donnez-lui, si possible, une mission durant la cérémonie ;
  • prenez des photos ou des vidéos des obsèques afin de les revoir ensemble par la suite.

Les collaborateurs des centres funéraires de DELA peuvent également vous accompagner et vous conseiller sur la manière d’impliquer les personnes handicapées dans les obsèques. L’entrepreneur de pompes funèbres Koen De Swerdt, du centre funéraire DELA Appeltants à Machelen, nous fait part d’une récente expérience : « Nous avons organisé les obsèques de l’un des deux frères qui séjournaient dans une institution pour personnes souffrant d’un handicap mental. Les responsables de l’institution sont venus organiser les obsèques avec le frère, qui a pu choisir le cercueil. Mais il ne comprenait pas tout et son chagrin était incommensurable. Je lui ai donné une de nos peluches en forme de cœur en lui expliquant de la prendre et la serrer chaque fois qu’il pensait à son frère pour lui faire un gros câlin. »

Le réseau de DELA compte environ 60 centres funéraires hautement qualifiés, répartis sur plus de 110 sites en Belgique.