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Les multiples formes du souvenir

25 avril 2023
Temps de lecture: 3 min

À propos des objets de consolation et des souvenirs intangibles

Lorsque nous perdons un être cher, nous continuons souvent à ressentir l’amour et le lien qui nous unissait au défunt. Nous chérissons chaque souvenir qui peut nourrir ce lien, sous quelque forme que ce soit, car il nous apporte du réconfort. Ann Costermans, notre conseillère en matière de deuil et de perte, nous fournit inspiration et conseils.
Marleen a perdu deux de ses cinq enfants : Gommaar et Elise. Des décennies après ce drame, elle ressent aujourd’hui encore le besoin de « perpétuer la vie de ses deux enfants » par le biais de rituels et de souvenirs. Ainsi, toute la famille mange des crêpes le jour de l’anniversaire des enfants décédés. Jozefien, la fille de Marleen, voit dans chaque coucher de soleil le souvenir de son frère et de sa sœur disparus. Il y a aussi l’arbre planté à la mémoire de Gommaar et la chaise sur laquelle Marleen s’asseyait quand elle était enceinte d’Elise. Ce sont là quelques exemples de souvenirs tangibles.

Ann Costermans, conseillère en matière de deuil et de perte chez DELA, voit des personnes en deuil se raccrocher à des souvenirs tangibles et à des objets de consolation (un bijou, un vêtement, etc.) qui appartenait au défunt. « Les personnes endeuillées chérissent ces objets », explique Ann, qui estime cependant que ce n’est pas sans risque : « Les objets peuvent s’user ou, pire encore, se perdre. Si cela arrive à cette peluche si spéciale et si précieuse qui appartenait à votre enfant décédé, votre monde peut à nouveau s’écrouler. C’est pourquoi il est si important, après un décès, de pouvoir transposer la présence “physique” du défunt en une présence “symbolique”, qui consiste à porter l’être cher dans notre cœur ou dans nos pensées. Ces souvenirs seront là pour toujours et vous les aurez toujours à portée de main. » Ou, comme le dit si bien Manu Keirse : « Pour moi, mourir c’est quitter le monde extérieur pour entrer dans le cœur des gens que l’on aime. »

Pour Marleen, c’est précisément le caractère évolutif de ses objets de souvenir qui les rend si puissants. L’arbre qui pousse et qui fleurit dans le jardin, la chaise qui s’use au fil des saisons… « Le souvenir est quelque chose de puissant quand il peut évoluer au fil du temps », confie-t-elle.

Des souvenirs non tangibles

Outre les objets de consolation, nous pouvons utiliser de nombreux autres souvenirs intangibles pour perpétuer la mémoire de l’être cher disparu :

  • retourner régulièrement à un endroit précis où vous vous rendiez souvent avec le défunt, afin de vous rapprocher de lui ;
  • créer une playlist avec des chansons qui vous font penser à certains moments partagés avec votre proche ou à ses chansons préférées. Une playlist qui peut également servir lors des funérailles ;
  • organiser chaque année un rituel de commémoration et réunir tous les amis et la famille autour d’un feu de camp, par exemple. De quoi vous constituer ensemble de nouveaux souvenirs ;
  • poursuivre l’engagement caritatif du défunt et ainsi donner une nouvelle dimension et un nouveau sens au deuil ;
  • vous voulez pouvoir prononcer le nom de votre proche aussi souvent que possible ? Donnez son nom à une étoile. Devenez le parrain ou la marraine de son animal préféré au zoo ou donnez-lui son nom.

La dimension spirituelle

Les gens cherchent parfois aussi du réconfort dans le spirituel ou attendent des « signes ». Tanja, qui a perdu sa sœur il y a deux ans des suites d’un cancer, avait demandé à sa sœur de lui envoyer un signe. « Nous en avions parlé en riant », explique Tanja. « Le mot que nous avions choisi était “concombre de mer”. Quelle était la probabilité que j’entende ce mot un jour ? J’ai été complètement bouleversée quand, lors de mes vacances quelques mois après son départ, le guide a expliqué que les fonds marins abritaient des concombres de mer… Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que ma sœur était près de moi. »
Ann Costermans constate régulièrement que la recherche de réconfort et de lien amène les personnes en deuil à se tourner vers l’une ou l’autre forme de spiritualité, mais certaines n’en ont pas du tout besoin. « Chacun doit faire ce qu’il estime être le mieux et il est bon que l’entourage respecte sa volonté. »