Après un décès, certains ne trouvent pas les mots pour exprimer leur chagrin. Or, ils en ont souvent besoin. La créativité peut être un moyen de laisser parler nos émotions. Comment peut-elle aider à faire son deuil ? Quelles formes de travail créatif existe-t-il ? Et comment commencer ?
La créativité peut être une soupape d’échappement et un répit salutaire dans l’expérience du deuil, même si ce n’est que pour un court instant. Ann Costermans, conseillère en matière de deuil et de perte chez DELA : « La manière dont nous cherchons du réconfort est très personnelle. Certaines personnes en deuil ont besoin de parler ouvertement de leur proche décédé, d’autres préfèrent se promener en pleine nature ou visiter un musée. L’art et la beauté des choses sont une source de réconfort. »
De nombreuses personnes en deuil trouvent également du réconfort dans le travail créatif. Des recherches ont montré que la créativité fait baisser le taux de cortisol (l’hormone du stress) et réduit ainsi le stress. La créativité peut donc vous aider à vous détendre et vous apaiser psychologiquement.
D’après Ann, les activités créatives peuvent aussi servir d’exutoire aux émotions que nous réprimons : « L’expression créative nous permet d’explorer nos propres pensées et émotions, et de mieux les gérer. »
Julie De Keersmaecker nous livre son expérience dans son ouvrage « Op Pad met Verdriet » qu’elle a rédigé après avoir perdu sa fille Marie et a illustré de magnifiques dessins. « L’art m’a fait vibrer, a fait remonter à la surface les émotions enfouies et m’a appris à me faire une place. »
« L’art m’a fait réaliser que je faisais mon deuil avec tout mon corps. »
La peinture, le dessin et le modelage sont des activités créatives à la portée de tous. Peut-être souhaitez-vous représenter un beau souvenir du défunt ? Un rien vous suffira pour commencer : de la peinture et un pinceau, des crayons ou de l’argile. Ne soyez pas gêné par le résultat. L’important est que vous vous sentiez à l’aise dans le processus de création.
Ann Costermans : « Vous avez peur de vous lancer dans un travail créatif spontané ? Tournez-vous vers le coloriage. Il existe de très beaux livres de coloriage pour adultes, avec des mandalas par exemple. Le coloriage apaise l’esprit. »
De nombreuses personnes trouvent bénéfique de mettre leurs pensées et leurs sentiments sur papier, même en période de deuil. Ce processus d’écriture leur permet souvent de faire le vide dans leur tête. Vous pouvez par exemple tenir un journal. « Poser chaque jour noir sur blanc votre ressenti par rapport au deuil et vous relire de temps à autre vous permettra peut-être d’observer une évolution. Et elle peut être réconfortante, même si elle n’est pas linéaire. Vous réaliserez qu’à une journée difficile peut succéder une journée meilleure », explique Ann.
Peut-être préférez-vous la poésie ou souhaitez-vous rendre hommage à votre proche en écrivant un livre sur votre deuil ? Qui sait ? Vous pourriez ainsi inspirer ou soutenir d’autres personnes.
Le deuil peut également s’exprimer par le corps. C’est pourquoi certains thérapeutes pratiquent le travail corporel. Objectif : essayer d’apaiser les tensions du corps ou dénouer un corps bloqué.
Mais vous pouvez aussi exploiter le mouvement très facilement : mettez de la musique, fermez les yeux et laissez-vous porter par le rythme. Pourquoi ne pas vous inscrire à un cours collectif ?
Le chant est une autre forme d’expression créative. Inutile d’être un chanteur professionnel : l’important est d’y prendre du plaisir. Le chant a un effet positif sur l’humeur et la santé, car il libère des endorphines et de l’ocytocine. Ces hormones du bien-être favorisent la joie de vivre et réduisent le stress. Vous pouvez aussi rejoindre une chorale : chanter en groupe peut créer un sentiment d’appartenance.
L’idée d’exploiter la créativité pour faire votre deuil vous tente, mais vous ne savez pas par où commencer ? Ann Costermans : « L’important est que vous choisissiez une activité qui vous convient et avec laquelle vous vous sentez à l’aise. Le fait que vous ayez du talent ou de l’expérience n’a absolument aucune importance. »
Encore quelques conseils :
Vous avez du mal à vous lancer ? Demandez éventuellement l’accompagnement d’un thérapeute créatif. Vous trouverez probablement ensemble une forme créative qui vous permettra de soulager votre peine.