Le chagrin n’est pas le seul sentiment lié au deuil. Ce dernier suscite une foule d’émotions, tant positives que négatives. Toutes sont légitimes. Coup d’œil sur cinq sentiments qu’éprouvent souvent les personnes endeuillées.
Le chagrin est probablement l’émotion qu’on associe le plus spontanément au deuil. Ses causes sont diverses : l’absence de l’être cher, la nostalgie de la vie avec lui, l’émotion suscitée par ce que le défunt représentait… Chaque larme peut être un signe de l’amour qu’on portera à jamais au proche décédé.
Tout le monde n’exprime pas ce chagrin de la même manière. Certains pleurent ouvertement tandis que d’autres dissimulent leur chagrin ou le traduisent par une autre émotion, comme la colère.
La culpabilité est très courante chez les personnes endeuillées. « Si seulement j’avais… » C’est une manière de prendre le contrôle d’une situation face à laquelle on est totalement impuissant. La culpabilité crée l’illusion que vous auriez pu faire quelque chose, alors qu’en réalité, ce n’est presque jamais le cas.
Il y a néanmoins une grande différence entre être coupable et se sentir coupable.
Dans son livre « Casper, een rouwboek » qu’elle a écrit à la suite du décès de son frère, Uus Knops emploie ces termes :
« Nous nous sommes aussi sentis coupables, surtout mes parents. Si seulement nous n’avions pas laissé les garçons partir si loin ! Si seulement nous les avions davantage mis en garde ! Si seulement nous avions… Ces sentiments de culpabilité sont normaux et traduisent une volonté désespérée de savoir si nous aurions pu faire quelque chose pour éviter le pire. Nous avons ressenti le fait de pouvoir poser ces questions à voix haute et de pouvoir en parler comme une reconnaissance de notre chagrin. Bien qu’il parte d’une bonne intention, le fait de minimiser notre culpabilité pour nous apaiser ne nous apportait pas cette reconnaissance. Et pourtant, ces questions ne nous semblaient pas légitimes quand elles émanaient de quelqu’un d’autre. Elles sonnaient comme un jugement, un blâme. »
Après un décès, on peut être envahi par des sentiments tels que la colère et la rage. Il est essentiel de les accepter et de ne pas les réprimer : elles sont légitimes. Ces émotions restent néanmoins taboues. Notre culture ne voit pas la colère d’un bon œil. Quelles que soient les circonstances, « il est préférable de ne pas laisser éclater sa colère ». C’est malheureusement ce qu’on se dit encore souvent. La colère met généralement mal à l’aise : elle est permise, mais avec modération. Refouler votre colère est pourtant une très mauvaise idée. Une colère réprimée peut avoir de fâcheuses conséquences : soucis de santé, problèmes sociaux, détresse mentale. Sachez que vous avez le droit d’être en colère face à une perte. Cette colère est même saine.
Si toutefois vous remarquez que ces émotions prennent un tour destructeur, allez chercher de l’aide auprès d’un ami ou d’un thérapeute.
L’angoisse est on ne peut plus normale quand on a vécu une (grande) perte ou un traumatisme. Votre deuil peut faire naître chez vous un sentiment d’insécurité. Vous vous préparez inconsciemment au moment où ce genre d’épreuve vous arrivera à nouveau et où vous devrez faire face au même genre de traumatisme.
Megan Devine (après le décès de son mari) : « Mon anxiété s’est amplifiée dans les années qui ont suivi. Je craignais d’autres événements horribles. J’avais peur de voir tous ceux que j’aimais disparaître du jour au lendemain. J’imaginais que les gens que je connaissais et que j’aimais (moi y compris) étaient en danger, souffraient, allaient mourir. Je guettais le moindre signe indiquant que quelque chose n’allait pas. J’avais beau savoir que l’angoisse ne sert à rien quand il s’agit de prédire et d’empêcher les catastrophes, rien n’y faisait. L’angoisse s’accroche à vous et ne fait que s’amplifier quand on sait que des catastrophes invraisemblables se produisent réellement sans qu’on puisse faire quoi que ce soit. »
Étant donné que chaque processus de deuil est unique, que les membres de la famille adoptent parfois un style de deuil différent et que les proches ou les amis ne trouvent pas toujours les mots ou les gestes qui réconfortent, les personnes en deuil se sentent parfois très seules.