Julie Dekeersmaecker a perdu sa fille de presque quatre ans des suites d’une forme rare de cancer. Julie nous a parlé en toute franchise de son processus de deuil, des moments insupportables ainsi que des doutes et des idées noires qui l’envahissaient parfois. La perte d’un enfant est probablement l’adieu le plus déchirant qui soit. L’histoire de Julie est pourtant pleine d’espoir et prouve qu’il peut y avoir des éclaircies dans les ténèbres. Même quand on est au plus bas, on peut remonter la pente.
« J’avais mal partout et j’aurais préféré mourir, moi aussi. Parce que la douleur était insupportable et parce que je voulais être auprès de Marie. Les doutes ont aussi commencé à surgir : aurions-nous dû faire ceci ou cela ? Je suis restée en mode survie pendant un temps. Comme un animal blessé qui se retranche dans un endroit sûr pour guérir. Jusqu’à ce que je me dise "Maintenant, je choisis la vie." »
Un décès, a fortiori celui d'un enfant, peut avoir un énorme impact sur la relation de couple. Comme on cherche soi-même un moyen d'atténuer son chagrin, on est bien souvent incapable d’assumer celui du conjoint. Nous faisons tous notre deuil à notre manière, à notre rythme. Et il n’y a aucun mal à ça.
« Nous avons survécu tous les deux, chacun à notre manière. Il faut garder un œil sur l’autre alors qu’on est soi-même en train d’essayer de remonter la pente. Ce n’est pas simple, mais je suis fière que nous y soyons parvenus. »
Même quand on est envahi par des idées noires, il y a souvent de la place pour la récupération et la résilience. Julie a trouvé du réconfort dans l’art et elle a petit à petit changé en tant que personne, si bien qu’aujourd’hui, elle est à nouveau heureuse dans la vie.
« Je sais désormais que j’ai cette résilience en moi et je connais davantage de moments de répit, de moments pour moi. En toute honnêteté : je peux dire que j’aime la vie. Et je vis en quelque sorte pour deux, car Marie n’a pas eu cette chance alors qu'elle y avait droit. »
D’ailleurs, Marie est toujours présente, dans les deux livres que Julie a écrits (« Marie » et « Op pad met verdriet ») en sa mémoire. Julie et son mari Paul ont également fondé le « We Love Mariefonds », aidés par un groupe soudé d’amis et de membres de la famille. Ce fonds vise à apporter du réconfort aux enfants malades de longue durée ou aux enfants confrontés de près à la maladie, à la perte ou au décès d’un proche.