Les personnes en deuil ont besoin d’un soutien sans faille de la part de leur entourage. Certaines se retrouvent toutefois bombardées de paroles ou de questions maladroites. Quels sont les bons mots à prononcer face à une personne en deuil, et quelles expressions vaut-il mieux éviter ?
Quand on ne trouve pas les mots face à quelqu’un en deuil, on tombe vite dans les clichés. Si ces expressions partent d’une bonne intention, elles constituent souvent une solution toute faite pouvant donner l’impression qu’il faut rapidement laisser le deuil derrière soi.
Or il est essentiel que les proches puissent faire leur deuil à leur rythme et que le chagrin lié au décès de l’être aimé soit suffisamment reconnu. À défaut, les mots risquent de provoquer de l’incompréhension, voire de la colère. Le deuil n’est pas un « problème à résoudre ».
Surmonter quelque chose implique d’y mettre un terme. Or le deuil se manifeste par vagues et dure toute une vie. Il est le revers de l’amour et cet amour ne disparaît jamais.
Comme l’exprime Evert Stienstra (dans le livre De vijf talen van troost de Huub Buijssen) : « Le terme “surmonter” a même suscité de la colère en moi, bien que je n’aie jamais été en colère contre les personnes qui l’utilisaient… Il m’était impossible de surmonter ni d’accepter la douleur que je ressentais. Mais j’ai découvert que je pouvais apprendre à la tolérer. »
Idem pour cette « place ». Où est-elle ? Que dire de mieux ? J’espère qu’avec le temps, tu seras en mesure d’intégrer le décès dans ton quotidien.
Poser cette question de cette manière amènera une réponse évidente : « Je viens de perdre X. Comment je vais, d’après toi ? »
Que dire de mieux ? Vous pouvez poser la même question, mais en introduisant un repère temporel (« en ce moment » ou « aujourd’hui »). Ainsi formulée, cette question permettra à la personne endeuillée de nuancer sa réponse : « Hier, j’ai eu l’impression d’aller mieux, mais aujourd’hui, j’ai entendu une chanson à la radio qui m’a rappelé X et je me sens à nouveau très triste. »
Chaque personne vit son deuil à sa manière. Certaines ressentent le besoin d’en parler. D’autres préfèrent éviter le sujet et ont besoin d’action.
« Au début du siècle, des chercheurs ont suivi des personnes en deuil pendant cinq ans et n’ont trouvé aucune preuve scientifique qui confirme la thèse du choc différé. Les personnes qui allaient bien peu de temps après le décès allaient encore bien cinq ans plus tard. Seuls 3 % présentaient des signes de deuil différé. » (Huub Buijssen – de 5 talen van troost).
Que dire de mieux ? Dis-moi ce que je peux faire pour toi. Je suis là si tu as besoin de parler. Je suis là aussi si tu n’en as pas envie. Nous pouvons faire une activité ensemble, en silence, ou simplement nous asseoir côte à côte.
Par exemple : tu dois reprendre le fil de ta vie.
Chaque deuil est unique. Ce qui a fonctionné pour vous ne fonctionnera peut-être pas pour quelqu’un d’autre. Mieux vaut dire à la personne endeuillée que vous êtes là en cas de besoin et valider la manière dont elle fait son deuil.
Que dire de mieux ? Tes émotions sont légitimes. Je suis là pour toi.
Bien que cette formule de courtoisie soit souvent utilisée, elle peut sembler impersonnelle. Elle reste toutefois acceptée si elle est prononcée avec beaucoup d’empathie.
Que dire de mieux ?
Si le temps peut atténuer l’intensité de la douleur, il ne fait pas disparaître le manque. La bienveillance et le soutien de l’entourage sont essentiels pour rendre la douleur plus supportable, à terme.
Uus Knops : « Le temps ne guérit malheureusement pas toutes les blessures. Cette affirmation est souvent blessante. … Une blessure fait mal et cette douleur psychologique est un avertissement : nous devons la soigner. Le temps ne guérit pas les blessures, mais il contribue au processus de guérison. »
Que dire de mieux ? Le temps ne guérit pas toujours toutes les blessures, et ce n’est pas le but. Je suis là pour t’aider à supporter le décès.
L’amour ne s’éteint pas avec la mort. Il est impossible de laisser partir le défunt. Les proches vont continuer à entretenir un lien avec lui, mais d’une manière différente, dans leurs souvenirs, leurs pensées, leur cœur… À chacun sa façon de faire.
Comme le dit si bien Manu Keirse : « Mourir, c’est quitter le monde extérieur pour entrer dans le cœur de tous les gens que l’on aime. »
Que dire de mieux ? Tu ne dois pas laisser X partir. Il/elle fera toujours partie de ta vie et vivra dans tes pensées/ton cœur/tes souvenirs…
Le deuil affecte profondément les émotions, les pensées, le corps… C’est parfaitement normal et légitime. Les proches peuvent faire appel à un professionnel si leurs émotions deviennent insupportables ou destructrices. Même des années après le décès, il est naturel de ressentir de la tristesse, un manque ou une autre émotion. C’est parfaitement normal.
Que dire de mieux ? Tes émotions, tes pensées… sont légitimes. C’est normal. Je suis là pour toi si tu veux parler ou te confier.
Un décès est précisément le moment d’une vie où les personnes endeuillées ne « doivent » pas se montrer courageuses, mais justement accepter de laisser couler leurs larmes. Les proches essaient trop souvent de rester forts devant les autres pour ensuite fondre en sanglots lorsqu’ils se retrouvent seuls. L’idéal serait que les familles se sentent suffisamment soutenues par leur entourage pour accepter de craquer à tout moment. Sans se sentir jugées.
Que dire de mieux ?
Que faire ?