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Comment faire face au décès soudain de son enfant ?

Temps de lecture: 4 min
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Karin a perdu son fils Bram à l’âge de 25 ans. Depuis, rien n’est plus pareil. Cinq ans plus tard, elle cherche toujours un nouvel équilibre, un sens à sa vie et la lumière au bout du tunnel.

Un accident de vélo

« Bram avait eu la chance de participer à un programme international par le biais de son employeur. Sa première destination : la Suisse. Il en était très fier, tout comme mon conjoint Luc et moi. Je n’étais pas inquiète. Bram avait toujours été un vrai globe-trotteur et nous avions toujours encouragé nos enfants à vivre leur liberté. J’étais d’un naturel serein. »

Cette sérénité a brutalement pris fin lorsque Bram a perdu la vie dans un accident de vélo. Karin se souvient de son trajet en taxi jusqu’en Suisse, avec Luc et Dien, la sœur de Bram. « Nous étions tous sous le choc. Heureusement, l’employeur de Bram a pris en charge beaucoup d’aspects pratiques. Ce fut compliqué, car nous étions en pleine crise du coronavirus. Il a aussi organisé notre déplacement avec un chauffeur d’une grande bienveillance et d’un énorme soutien. À ce moment-là, c’était un véritable cadeau. »

Un deuil en confinement

De retour à la maison, les restrictions sanitaires ont imposé une cérémonie en cercle très restreint. Nous avons également reçu peu de soutien de l’extérieur par la suite. « Nous étions complètement livrés à nous-mêmes, ce qui a “cloisonné” notre chagrin. Nous nous sommes heureusement beaucoup soutenus les uns les autres. Après le confinement, il a été difficile pour nous de partager notre tristesse avec nos amis d’autrefois : nous nous sentions incompris et eux ne savaient pas comment réagir face à notre douleur. »

Au travail non plus, Karin ne s’est pas sentie écoutée par les managers. « On m’a simplement remis un Carnet de condoléances, c’est tout. Mon supérieur n’a pas osé aborder le sujet pendant deux ans, parce que “c’était trop difficile”. Un an après mon retour, j’ai complètement craqué. J’étais dans un tel désarroi de n’avoir reçu aucun soutien à ce niveau-là. Dans notre société, le deuil reste un sujet trop mal compris. »

L’absence s’alourdit

Cinq ans après la mort de Bram, son absence est aussi pesante qu’au premier jour. « Pas un jour ne passe sans que je pleure, au sens propre ou figuré. Le chagrin ne fléchit pas, au contraire. J’ai l’impression que le manque est de plus en plus lourd. Il aurait dû assister à chaque moment clé de notre vie (un mariage, une naissance…). Perdre un enfant, c’est voir s’effacer tout un avenir. Et la douleur renaît chaque fois qu’on essaie d’en retracer les contours. »

Même à la maison, il a fallu retrouver un nouvel équilibre. « Je suis devenue une autre mère, très protectrice. Il a fallu du temps, surtout à ma fille, pour s’y habituer. À table, une chaise reste vide. Ce désarroi n’est pas seulement le mien ; il touche aussi mon conjoint et ma fille. Nous portons ce deuil ensemble, mais chacun à notre manière et cela crée parfois des frictions. »

À la recherche d’un nouveau repère

Karin n’a jamais repris son ancien travail de bureau. Elle trouve aujourd’hui soutien et sens dans l’association de deuil Lost & Co à Lierre, où elle s’investit bénévolement dans la boutique de réconfort Gloed. « Ici, je n’ai pas besoin de porter de masque. On m’écoute et je peux, à mon tour, apporter quelque chose à d’autres personnes qui ont vécu un décès. »

Son mari, lui, réagit différemment face au deuil. « Pendant que moi, je fuyais mon travail, lui s’y est replongé. Il parle moins de Bram que moi. Mais nous cherchons toujours ensemble à maintenir un lien avec lui. Notre fille nous soutient aussi énormément. Et beaucoup de personnes bienveillantes se sont rapprochées pour nous soutenir. Nous sommes bien entourés aujourd’hui. »

Karin trouve aussi du réconfort dans la création. Peu après la mort de Bram, elle a écrit un livre illustré par sa fille, passionnée de dessin. La peinture a également pris une grande place dans sa vie. « C’est devenu une véritable échappatoire à la douleur. Il m’arrivait souvent de me lever au milieu de la nuit pour peindre. C’est aussi une manière de rester liée à Bram. Peu avant sa mort, il m’avait encouragée à reprendre les pinceaux. Cela rend cette activité encore plus précieuse à mes yeux. »

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